Ces jours-ci j'apprends à ralentir à nouveau; j’écoute le chant des oiseaux, je caresse la beauté des fleurs, je m’allonge sous l’immensité du ciel…
Et selon les philosophies indiennes qui résonnent à travers les mots de Gislaine Duboc dont le livre accompagne mes journées, je me répète: “l’Homme n’y est pour rien.”
Elles nous rappellent qu'à travers nos interminables batailles, on ne cesse de revendiquer notre puissance pour ne pas finir perdant. Dans une société où tout est segmenté, on ne peut se permettre de tomber dans la catégorie de ceux qui ont échoué alors on continue de se battre. On détermine ce qui est beau, ce qui est laid…
Quelle ironie que de croire que nous déterminons ce qui doit être quand on passe notre vie à avoir peur de ce qui pourrait arriver.
On se berce d’une illusion de contrôle, de maîtrise, car ce que l’on connaît nous donne un sentiment de pouvoir.
Si j’ai déjà emprunté cet itinéraire, j’ai déjà été “validé” auparavant. L’emprunter à nouveau ne peut que me rendre meilleur.
Cependant, se lancer sur un nouvel itinéraire génère davantage d’appréhension car face à l’inconnu je suis vulnérable.
Pourtant si j’ai confiance en mes capacités de conducteur, je me lancerai quand même.
C’est là que réside notre pouvoir - dans notre aptitude à danser avec l'incertitude !
On s’attache à créer de l'immobilisme, du prévisible, car nous avons peur de ce que l’incertitude pourrait transformer en nous ou autour de nous.
Pour que notre monde intérieur soit en paix, on s’attache à rendre notre monde extérieur conforme à ce que l’on souhaite.
Le monde extérieur lui, pourtant, continue de se mouvoir et il ne dépend que de ma perception soit de mon monde intérieur.
Ce bourgeon a éclos ce matin et, je n’y suis pour rien. J’ai toutefois choisi de m’émerveiller devant ses pétales dépliés.
En ayant peur de perdre ce que je possède, ce que j’aime, je m’éloigne du risque et de la surprise pour nourrir l’idée de ma toute-puissance. La vie ne s’arrête pas pour autant; alors que je me sécurise dans ce que je connais, au fond de moi je ne cesse de la craindre.
Au fond de moi, je crains la vie car je sais qu’inévitablement elle me prendra ce que je possède et me séparera de ce que j’aime. Je n’ai pas confiance en elle, je n’ai pas confiance en ma capacité à me transformer avec elle.
En tentant de la maîtriser, c’est ainsi que je lui abandonne mon pouvoir. Je m'efforce de l’immobiliser sur une même note quand elle m’invite à danser dans son inévitable incertitude.
Je m’épuise à lutter contre elle sachant que je fais partie d’elle et qu’elle fait partie de moi. Sa musique me transforme à chaque instant et c’est dans ma capacité à danser avec elle que j’incarne notre puissance.
Ose danser ta vie car la vie c’est cette fleur qui éclot, c’est l’air que tu respires… La vie c’est toi.
Lorsque tu as peur de ce que pourrait être fait demain, lorsque tu ressens ton impuissance, pars observer la vie dépourvue de la main de l'homme et répète toi que l'Homme n'y est pour rien. Remplis tes poumons de cet air qui t'est indispensable et là aussi souviens toi que l'Homme n'y est pour rien. Prends le temps d'apprivoiser un univers plus grand que celui construit par l'homme.
Lecture: Les 4 voies chamaniques - Gislaine Duboc
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